mercredi 28 octobre 2009

Nord-Ouest du Yunnan

Cliquez sur l'image ci-dessus pour voir le diaporama


Pour voir l'itinéraire sur Wikiloc, cliquez sur le "w" (de wikiloc) en haut à droite de l'image


Profil d'altitude entre Deqin et Dali, Yunnan

Arrivés à Benzilan, nous ne sommes qu'à 100 km de Deqin où il y a un paysage de pics glaciaires sublime. Mais il y a 2900 m de montée et comme il faudra revenir à Benzilan pour reprendre notre itinéraire prévu, nous décidons de prendre un taxi aller simple pour Deqin: il faut profiter du beau temps, ces montagnes sont pudiques et se cachent fréquemment, même à cette saison.

Le chauffeur nous dépose à Felai Si d'où la vue est superbe, mais le soir les montagnes sont voilées. C'est un endroit très touristique (des Chinois à 99%), et pour une fois nous devons faire plusieurs hôtels pour trouver une chambre (une Taïwanaise parlant l'anglais nous a bien aidé).

Le lendemain matin, grand beau, nous sommes vernis! Le paysage, au lever du soleil, est bien à la hauteur de sa réputation, le Miacimu est particulièrement élancé et d'une beauté époustouflante. Nous nous imprégnons de ce paysage et nos appareils de photo ne chôment pas.

Ce n'est que vers 11h30 que nous finissons par quitter Deqin, à vélo cette fois. Et le retour est long, plus de 1500 m à gravir avec un triple col à 4300 m. Le soleil se couche quand nous arrivons au dernier col, et nous entamons une longue descente, dépassant les camions chargés dont les freins surchauffent, malgré le refroidissement à eau dont ils sont munis. A cause de ce système, la route est toute mouillée, et il nous faut faire attention de ne pas glisser. Il fait nuit quand nous arrivons enfin dans un village et y trouvons un hébergement sommaire mais bienvenu.

Le lendemain, en passant près du monastère de Dongzhulin, nous voyons beaucoup de véhicules parqués le long de la route. Nous nous arrêtons aussi, et coup de chance il y a une fête religieuse au monastère. Cette fois on se croit vraiment dans Tintin au Tibet, tout y est: moines en tenue d'apparat, trompettes et cors tibétains, et le spectacle est aussi parmi les spectateurs tibétains aux visages burinés et costumes typiques. Nous prenons du retard, et ce n'est de nouveau qu'à la nuit tombante, après avoir de nouveau gravi plus de 1500 m que nous arrivons à notre étape, Nixi.

Le lendemain nous rejoignons Shangri-La (ou Zhongdian), un haut lieu touristique du Yunnan. Mais on est le 18 octobre, il n'y a heureusement pas trop de monde. Nous y restons deux jours pour nous reposer, et Alain en profite pour débloquer et mettre à jour notre blog (qui reste inaccessible en Chine pour les internautes non munis de cette astuce). Nous retrouvons avec plaisir Elsa et Ollivier qui récupèrent de leur accident à vélo près de Litang, et apprécions les restaurants qui servent des plats adaptés aux papilles des touristes occidentaux. Il y a même un Italien qui tient une pizzeria! Il nous apprend que cette année (et l'an passé aussi bien sûr) plus aucun cyclo-touriste n'a pu rejoindre Shangri-La en venant de Lhasa: depuis les JO de 2008, la TAR (Tibetan Autonomous Region) semble bel et bien hermétiquement fermée aux cyclo-touristes individuels!

Après Shangri-La, nous descendons la Gorge du Saut du Tigre (Tiger Leaping Gorge). Les touristes occidentaux viennent y faire un trekking, tandis que les touristes chinois viennent en masse voir les rapides par la route. Pour rejoindre Lijiang après être sortis de la gorge, nous devons emprunter un ferry difficile d'accès: il nous faut porter bagages et vélos sur de petits sentiers de montagne sur les deux berges: tout cela nous prend trois bonnes heures, nous ne ferons que 40 km ce jour-là.

Le lendemain, nous trouvons une excellente route sans circulation pour Lijiang. Mais ce sera une très longue journée, plus de 9 h de pédalage effectif pour gravir 1930 m et parcourir 90 km. Il fait nuit quand nous arrivons à Lijiang, et le plan du Lonely Planet est tout-à-fait insuffisant pour nous y retrouver. Quelqu'un s'approche pour nous aider, et extraordinaire coïncidence, c'est la même Taïwanaise qui nous avait déjà aidé 8 jours plus tôt à Felai Si! Est-ce la seule Chinoise parlant anglais et disposée à aider des cyclistes en rade? Du coup nous allons manger ensemble pour fêter cet événement.

La vieille ville de Lijiang a un charme fou, malgré son succès touristique: petites ruelles et canaux, et partout des maisons traditionnelles Naxi aux lanternes rouges: le soir c'est superbe. Et au mois d'octobre, l'afflux touristique reste raisonnable. Après nos efforts de la veille, nous avons besoin d'une pause et passons 3 jours à Lijiang. Avec ses 2400 m d'altitude, Lijiang est 900 m plus bas que Shangri-La, et bénéficie d'un climat plus doux.

Lijiang et ses environs sont le pays des Naxi. Les Naxi sont une des rares minorités chinoises possédant leur propre écriture (écriture dongba), utilisant des pictogrammes spéciaux pour exprimer leurs coutumes, comme les Egyptiens anciens.

Les deux jours de vélo pour rejoindre Dali ne sont pas inoubliables, trop de circulation et de pollution. Nous y retrouvons encore une fois Elsa et Ollivier, qui nous organisent une visite de la pêche au cormoran sur le lac Erhai. La surpêche a pratiquement condamné cette pratique ancestrale des Baï, qui ne survit maintenant que pour les touristes!

Nous espérons retrouver des petites routes pour nous rendre à Yuanyang, tout au Sud du Yunnan, pratiquement à la frontière avec le Vietnam.

jeudi 15 octobre 2009

Traversée du Sichuan (ou Kham tibétain)

Cliquez sur l'image ci-dessus pour voir le diaporama


Pour voir l'itinéraire sur Wikiloc, cliquez sur le "w" (de wikiloc) en haut à droite de l'image


Profil d'altitude entre Xiewu et Benzilan, Sichuan

Après Yushu, nous pénétrons dans le Sichuan. Les routes sont nettement moins bonnes qu'au Qinghai, mais les routes tadjiks que nous avons parcourues l'an passé étaient encore bien pires. Les monastères se succèdent (Serxu, Dzogchen, ...) et nous voyons aussi plusieurs caravanes de yaks qui regagnent des altitudes plus modérées. Les "tachi-délé" (bonjour en tibétain) fusent de partout, les Tibétains sont très amicaux, mais aussi très curieux: un soir nous campons dans un pré près d'un village, et nous avons eu un défilé de visiteurs curieux de voir ces cyclo-touristes et leur matériel. Après la tombée de la nuit , deux moines viennent encore s'initier à la prononciation de l'anglais. Ils ont un guide de conversation d'anglais pour tibétains, mais la première fois qu'ils essayent de prononcer une phrase, leur accent tibétain est si fort que l'anglais est tout-à-fait incompréhensible. Notre guide de mandarin pour francophones n'est sans doute pas meilleur, je n'ai jamais réussi à me faire comprendre sans montrer la phrase écrite en pictogrammes chinois!

A Dzogchen, nous tombons sur un moine qui parle un peu mieux l'anglais et qui a déjà voyagé dans d'autres pays. Comme il n'a pas de passeport chinois, il doit passer en douce par le Népal qui lui délivre un passeport lui permettant d'aller plus loin. Même les Chinois de souche han (la majorité en Chine) doivent demander un visa de sortie (généralement très court) pour pouvoir quitter leur pays.

Le monastère de Dzogchen est immense et situé dans un magnifique cadre de montagnes. La ville adjacente est aussi remplie de moines dans leurs soutanes rouge sombre et jaune vif. Tous ne sont pas exemplaires, l'un d'eux est manifestement ivre, et nous le revoyons le lendemain matin déjà bien lancé, une bouteille à la main! Tandis que nous soupons dans un restaurant, une brève fusillade éclate. Immédiatement le tenancier descend son rideau de fer et enjoint ses clients à se réfugier dans l'arrière salle. Nous ne nous sommes pas fait prier, et ne saurons pas ce qui s'est vraiment passé.

Nous rencontrons quatre Suisse-Allemands à Manigango: il y bien longtemps que nous n'avions pas vu de touristes occidentaux. L'hôtel est quasi plein ce soir-là: il y a aussi un grand groupe de Chinois Malais partis de Malaisie et traversant Thaïlande, Laos, et toute la Chine jusqu'en Mongolie dans de gros 4x4 en un mois! Certes le voyage à vélo est physiquement beaucoup plus exigeant, mais nous préférons notre luxe, le temps!

Le 1er octobre, la Chine populaire fête ses 60 ans d'existence. La télévision passe d'interminables défilés militaires, et le soir c'est la fiesta à Pékin, genre ouverture des JO. Mais à Ganzi même, nous n'avons rien vu sinon un court feu d'artifice.

A Litang, nous avons rencontré Elsa et Ollivier, deux Provençaux en tandem. Ils viennent d'avoir un accident hier, mais repartent quand même aujourd'hui, pour prolonger leur visa et retirer de l'argent à Zhongdian. Depuis Xining, il est en effet impossible de changer ou de retirer de l'argent (heureusement nous y avions fait le plein de yuans). La police a reconnu leur accident (heurtés par un tracteur qui ne s'est pas arrêté) et tenant compte de leurs difficultés causées par un chauffard local qui ne s'est pas arrêté, leur a offert la nuit d'hôtel et 500 Yuans! Bravo à la police de Litang, et au courage d'Elsa et d'Ollivier qui repartent sans même attendre que leurs blessures guérissent!

Le climat est moins rude qu'au Qinghai, ou peut-être le temps s'est-il radouci: tant mieux, cela nous permet de continuer à vélo. Nous rattrapons deux Belges partis un jour avant nous de Litang sur la route de Sumdo. Tout comme Ollivier et Elsa, ils roulent aussi avec des Speedhub Rohloff: avec les nôtres, cela fait cinq Rohloff en route dans cette partie du Sichuan!

Nous apprenons que la route reliant Xiangcheng à Shangri-La est très mauvaise, même impraticable par temps de pluie. Bien que le beau temps semble stable, ce tronçon nécessite quand même 4-5 jours de vélo; nous choisissons donc de prendre une route plus longue (80 km de plus), mais entièrement goudronnéee. On y rencontre un autre couple de cyclistes Espagnols qui relient Dali à Litang: eux aussi ont préféré ce trajet. Elsa et Ollivier, qui ont dû prendre un transport en 4X4 depuis Xiangcheng, nous ont confirmé le piteux état de la route directe, nous avons donc fait le bon choix!

Nous entrons dans le Yunnan après une longue descente, à une altitude de 2000 m: quel plaisir de retrouver des températures agréables! Nous allons profiter de notre détour qui nous a amené à 110 km de Deqin pour y faire un saut: il paraît qu'il y a un superbe paysage de montagnes qu'on ne voudrait pas manquer si la météo reste bonne. Après cela, ce sera le retour à la civilisation avec Shangri-La, Lijang et Dali, lieux très touristiques du Yunnan.